Du rêve à la réalité
Chers amis,
Je me suis réveillé ce matin avec un espoir nouveau. Jusqu’à présent, je l’avais rêvé.
Les études politiques sur le personnage, son programme et sa percutante
équipe de campagne, les multiples tables rondes avec des experts plus
câpés les uns que les autres nous les analysant, les multiples sondages
(plusieurs dizaines chaque jour), finissaient par être envoûtants.
Un seul expert en France, lors d’une émission sur France 5, ose
affirmer la victoire de Barack Obama avec 52 % des voix. Or c’est très
approchant du score réel. Les autres cachent prudemment leurs
pronostics dans la multiplicité des hypothèses émises.
La victoire de Barack Obama dépasse largement les attentes de la
communauté afro-américaines. Il n'est pas seulement la réalisation
d'une partie du rêve du pasteur Martin Luther King.
Cette victoire laisse entrevoir et présager, une autre manière de
vivre ensemble aux Etats Unis, mais pas seulement. C’est l’histoire des
relations de l’Amérique et du monde qui vient de tourner une nouvelle
page.
Des défis monumentaux et souvent critiques attendent le nouveau
Président. Mais l’Histoire des Etats Unis d’Amérique tend à prouver que
c’est lorsque les crises sont profondes que le peuple américain relève
la tête. Ce qui s’est passé hier est une immense leçon de démocratie.
J’ose espérer qu’en France – alors que nous prétendons donner des
leçons de démocratie au monde - on en tire toutes, ou du moins quelques
unes, des leçons et des conclusions qui s’imposent.
J’ose espérer que les partis politiques de tous bords arrêteront de
nager à contre-courant et contre l’avis général de la très grande
majorité de la nation en intégrant enfin toute la diversité française
dans leurs ressources fondamentales – quelles que soient les origines
ethniques, culturelles, religieuses originelles de toutes ces femmes et
tous ces hommes qui sont la France d’aujourd’hui - afin qu’eux aussi
nous représentent au Parlement, et dans les différentes instances,
nationales, régionales, locales, communales.
J’ose espérer que la « discrimination positive » est maintenant en
voie d’être définitivement discréditée au bénéfice de la reconnaissance
pleine et entière de la personne doublée pour ce fait de l’absence de
toute forme de préjugés.
J’ose espérer, que le droit à la différence permettra enfin aux
étrangers d’être pleinement reconnus comme acteurs dynamiques de la vie
de la cité en acquérant le droit de vote – au moins aux municipales.
J’ose espérer que les émigrés en « situation irrégulière » seront
enfin reconnus comme des femmes et des hommes, quel que soit leur
parcours personnel, et non point – avec les humiliations qui vont avec
- comme des perturbateurs en puissance - quand ce n'est pas des
"terroristes" - ou bien des personnes sans intérêt n’ayant – paraît-il
- pas assez de quotient intellectuel et de bagages universitaires pour
être simplement des supplétifs aux manques nationaux.
J’ose espérer qu’au Niger aussi la résonance de cette élection
entraîne Son Excellence Monsieur le Président de la République ainsi
que le gouvernement actuel, à exprimer toutes les richesses morales,
intellectuelles, religieuses, historiques en prenant à bras le corps un
problème qui pour l’instant n’est considéré que comme une simple
entorse à l’ordre public nécessitant des opérations de police doublées
des interventions de l’armée nationale à l’encontre d’un mouvement
considéré officiellement comme un « ramassis de brigands » et de «
trafiquants » d’après les différentes sources que j’aie pu consulter.
J’ose espérer qu’au Nord-Niger, les différentes populations qui
souffrent de cette situation, - selon des sources crédibles - trouve
enfin une raison de croire qu’il y a une autre manière de vivre, que ce
qui est subi.
J’ose espérer que la démocratie en République du Niger devienne un
modèle pour l’Afrique avec l’expression d’une société civile forte et
le respect des droits fondamentaux afin que la réconciliation et la
paix ne soient pas renvoyées aux calendes grecques et que l’ensemble de
la nation puisse totalement être au bénéfice des richesses du pays.
J’ose espérer que les situations, aussi critiques qu’elles soient, puissent enfin être dépassées.
J’ose espérer que l’ensemble de la nation nigérienne puisse vivre
en dehors de la crainte de voir paraître l’exécrable et l’inacceptable
au travers de tension ethnique fallacieusement suggérée.
Tout cela, le pasteur Martin Luther King l’a rêvé pas seulement pour
son pays, mais pour l’ensemble des hommes. Si quelques doutes
persistent sur l’universalité de son rêve, relisons ses écrits !
Moi aussi je rêve et je sais qu’un jour l’aurore de la réalité poindra.
Car le rêve sème l’espérance et donne la capacité de savoir attendre le
jour où elle germera.
Cordialement.
Michel PONS
Forum AGADEZ NIGER le 5 novembre 2008