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15 juillet 2010

Famine au Niger: Le pire est à venir

Les mois de juillet et d'août sont les plus redoutés. Il manque encore des vivres dans les entrepôts humanitaires. Mais l'inventivité des ONG pourrait permettre d'éviter la catastrophe.

Je vous en parlais déjà il y a quelques semaines. Le temps presse cette fois-ci au Sahel menacée par la famine la plus grave de ces 30 dernières années. Et ce particulièrement au Niger. D'après des sources concordantes, il ne resterait plus que quelques jours aux ONG et aux pouvoirs publics pour pouvoir éviter une crise alimentaire majeure au Sahel: la période estivale qui arrive reste la plus redoutée. Le problème est toujours le même: le manque de vivres et d'argent.

Jusqu'au début de cette semaine, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) cherchait encore à compléter le budget requis et restait en attente de plus de la moitié des 113 tonnes de vivres nécessaires pour secourir les individus et les ménages les plus vulnérables.

Les ONG Oxfam et Save the Children, quant à elles, ont un besoin urgent d'au moins 17 millions d'euros. Au Niger, jusqu'à 380.000 enfants de moins de 5 ans sont en danger de mort. A noter que la famine touche seulement le Tchad, le Mali, la Mauritanie, certaines parties du Burkina Faso et le Nord du Nigeria.

Depuis plusieurs mois, les témoins et la presse racontent des cas de familles qui se nourrissent d'aliments destinés aux animaux, des villages et des écoles abandonnées, etc. Et les prévisions les plus optimistes estiment que le "calme" ne reviendra pas avant trois mois, date des premières récoltes attendues.

La sécheresse a tué les récoltes, la pluie, les routes de l'aide. Le plus compliqué dans ces situations de grande urgence, c'est d'agir très rapidement; le temps est compté alors que les réponses à donner demandent de la préparation et des moyens plus complexes.

En plus de l'argent, les états-major humanitaires se heurtent aujourd'hui aux difficultés d'approvisionnement et de distribution. Quand bien même on disposerait de vivres en quantité suffisante aujourd'hui, on ne pourrait pas les acheminer facilement jusqu'aux populations les plus affamées, à savoir ceux qui vivent dans les villages les plus reculés!

Pourquoi? Parce que la pluie commence à tomber, et qu'elle rend traditionnellement impraticables les routes du pays profond! Ironie de l'histoire, alors que cette grande famine est provoquée par la sécheresse, les périodes de besoin urgent et les campagnes d'assistance coïncident avec des pluies parfois violentes...

L'approvisionnement et la distribution posent des problèmes complexes; en amont et en aval, les organisations actives sur le terrain devant procéder en permanence à des ajustements, "des solutions ponctuelles adaptées à chaque contexte", précise un cadre d'une ONG britannique. Parmi les principales difficultés rencontrées sur le terrain, il y a bien-sûr les classiques corruptions et autres formes d'instrumentalisation qui accompagnent fatalement toutes les grandes compagnes de distribution alimentaire.

"Nous sommes de plus en plus outillées pour réduire au maximum ce phénomène, et on sait que le volontarisme des pouvoirs locaux est un élément déterminant", explique, rassurant, un cadre d'une ONG française basée à Dakar.

Barrières douanières. Autre enjeu: les spéculations sur marché. Le problème concerne spécialement les organisations d'aide qui doivent s'approvisionner localement en vivres pour les redistribuer. Acheter local a toujours été une méthode d'action revendiquée par les défenseurs des "bonnes pratiques" dans le secteur, qui s'oppent à l'importation de céréales d'Amérique, par exemple.

Le principe consiste à se fournir d'abord dans le pays, ou dans les pays de la région, lorsque la situation le permet. Le problème donc, c'est que cet approvisionnement local ne va pas de soi. On voit que certains pays ne facilitent pas les campagnes d'achat des vivres de secours.

Pour n'en citer qu'un parmi d'autres, le Nigeria ne favorise pas les achats humanitaires, le PAM ayant déjà eu des difficultés depuis 2005 à obtenir des permis d’exportation sur les céréales qu’il a tenté d’acheter sur place.

Distribuer du cash aux populations. Pour éviter les lourdeurs logistiques et administratives, des ONG sont en train de tester la pratique consistant à donner tout simplement de l'argent en espèces à des populations ciblées. A elles ensuite d'aller directement acheter de la nourriture au marché. La pratique reste encore au stade expérimental et il est difficile de l'évaluer.

Mais d'après les ONG comme Save the Children et Concern Worldwide (cette dernière propose une aide mensuelle en espèces de 37 dollars versée par le biais des téléphones portables) qui l'ont initiée, la méthode ne manque pas d'avantages.

Cette distribution d'argent aux populations bénéficiaires permettrait de gagner du temps en situation d'urgence, mais aussi de réduire les coûts liés aux droits de douane et au transport.

Il faut noter ici que la famine dans un pays comme le Niger reste aussi un problème d'accès au marché. Les céréales continuent de circuler sur les marchés et sur les routes de la région, mais la montée des prix exclut leur accès à une large part de la population.

A Zinder (la deuxième ville du Niger), le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine (FEWSNET) informe à cet effet que de nombreux marchés fonctionnent bien dans les villes et les villages; que l’on y trouve des céréales en bonnes quantités, acheminées en bonne partie du Nigeria, du Bénin et du Burkina Faso.

Evidemment, la monnaie en espèces plait aux populations. En revanche, ceux qui étudient et observent la "réception de l'aide humanitaire" dans le quotidien des familles peuvent légitimement se poser des questions quant à l'usage effectif de ces espèces et aux conflits que cela peut générer au sein des foyers. Il faut souhaiter que cette distribution d'argent soit accompagnée et évaluée au delà des simples statistiques des bénéficiaires... A bientôt.

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