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20 décembre 2009

SITUATION AGRO PASTORALE SAHEL & AFRIQUE DE l'OUEST

Du 08 au 11 décembre dernier, s’est tenue à l’hôtel Salam, la 25ème Réunion Annuelle du Réseau de Prévention des Crises Alimentaires (RPCA) au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Après analyse de la situation agro-pastorale de la région, les conclusions tirées portent sur les perspectives de la situation alimentaire et nutritionnelle en 2010. Aussi, quelques recommandations d’alternatives de préventions et de solutions ont été évoquées par les participants. 

Les conclusions de la réunion placée sous la présidence de Mme Lansry Nana Yaya Haïdara, Commissaire à la Sécurité Alimentaire au Mali, portent à croire que les perspectives agro-pastorales sont globalement bonnes dans les pays humides et dans les zones à l’Ouest du Sahel. Elles sont mauvaises, voire médiocres dans les zones du Sahel oriental.

La sécheresse prolongée a réduit les récoltes et les pâturages au Nord-Est du Mali, dans les zones agricoles et pastorales du Niger et du Tchad ainsi qu’au Nord du Nigéria. Le risque de menace de criquet pèlerin en Mauritanie, source d’inquiétude pour les récoltes est pour le moment sous contrôle. Les possibilités de culture de contre saison seront limitées en raison des faibles niveaux des cours d’eau et des lacs de retenue ainsi que des inondations excessives.

La production céréalière prévisionnelle 2009-2010 des pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, à l’exception du Libéria et de la Sierra Leone, est estimée à 51 millions de tonnes, un niveau de production équivalent à celui de 2008/2009. Elle est en baisse au Sahel (9%) par contre en hausse dans les pays côtiers (4%).

Cependant, comparée à la moyenne des cinq dernières campagnes agricoles, cette production céréalière estimée à 15,9 millions de tonnes au Sahel est en hausse de 10%.

Par rapport à l’année dernière, des baisses de production céréalière sont prévues au Tchad (34%), Niger 26%), Mauritanie (24%), Burkina Faso (10%) et Cap Vert (8%).

En revanche, des hausses seront observées au Bénin (45%), au Ghana (44%), en Gambie (18%), au Mali, au Togo (13%) et au Sénégal (7%). Les prévisions de production sont de 44,5 millions de tonnes pour l’igname, 53,8 millions de tonnes pour le manioc, 3,3 millions pour le tarot, 2,1 millions tonnes pour le niébé, 2,6 de patate douce, 3,4 millions de tonnes pour l’arachide et 191 000 tonnes pour le sésame.

La situation pastorale est critique au Niger, au Nord-Est du Mali, au Nord Est du Burkina Faso, au Tchad et en Mauritanie suite au déficit pluviométrique, engendrant un faible niveau de remplissage des points d’eau et une régénération médiocre des herbacées. D’ores et déjà, on observe des départs précoces en transhumances.

Les cours internationaux des céréales, après leur niveau maximum en 2008, ont beaucoup fléchi, mais à des rythmes différents. Cette baisse des prix internationaux n’a été transmise que très partiellement aux marchés domestiques de la région Sahel, en Afrique de l’Ouest en raison notamment de la dépréciation des monnaies nationales (Ghana, Gambie, Nigeria et Mauritanie) ainsi que de la levée des mesures tarifaires prises pendant la crise.Ces niveaux élevés de prix associés à la diminution des stocks au niveau des ménages pendant l’hivernage ont entraîné une situation alimentaire précaire avec des niveaux élevés de vulnérabilité par endroits chez les populations à faibles revenus et dépendant des marchés pour leur approvisionnement alimentaire.

Cependant, l’approvisionnement des marchés par les premières récoltes en octobre a contribué à améliorer les disponibilités alimentaires des ménages qui s’est traduit par une baisse saisonnière des prix.

Toutefois, en dépit de cette tendance baissière, les prix des céréalières notamment le mil sont encore plus élevés en novembre 2009 par rapport au niveau moyen des cinq dernières années et par endroits à ceux de 2008 pour la même période. Les prix du bétail ont suivi les mêmes tendances.

Malgré ces niveaux élevés des prix, les marchés locaux et sous-régionaux sont restés correctement approvisionnés et les flux transfrontaliers des différents produits n’ont souffert d’aucune entrave majeure. Cependant, au Niger, les différences importantes de prix entre les zones excédentaires et les zones déficitaires pourraient avoir des effets déstabilisateurs sur le fonctionnement normal des marchés comme en 2005. 

En définitive, les mauvaises perspectives des productions agro-pastorales à l’Est du Sahel (Sud-Est du Niger, Nord du Nigéria, Tchad, Nord-Est du Mali et Nord-Est du Burkina Faso) couplées au prix élevé des céréales et à la possible détérioration des termes de l’échange bétail/céréales dans les prochains mois risquent de compromettre sérieusement la sécurité alimentaire des ménages les plus vulnérables, en particulier pendant la prochaine période de soudure qui risque de commencer plus tôt pour certains ménages.

Il s’agit essentiellement des pasteurs, agropasteurs ainsi que des populations urbaines pauvres

dépendantes des marchés pour satisfaire l’essentiel de leurs besoins alimentaires. 

A l’issue des travaux, la réunion recommande aux décideurs politiques, de renforcer les appuis aux cultures de contre-saison à travers la fourniture des intrants (semences améliorés et fertilisants) et les technologies de maîtrise de l’eau.Il a été également recommandé de faciliter la mise en oeuvre d’actions et/ou de mesures visant l’accès aux aliments de bétail, la mobilité du cheptel ainsi que la libre circulation des produits vivriers conformément aux accords régionaux, aux acteurs (décideurs, ONG, humanitaire et partenaires au développement), de veiller à la coordination des actions et/ou de mesures visant la facilitation de l’accès aux aliments, la prise en charge des malnutris et au renforcement des moyens d’existence des populations les plus vulnérables, aux systèmes régionaux d’information, de procéder dès janvier 2010 à une analyse détaillée de la vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle afin de mieux cibler les populations affectées et proposer des réponses appropriées pour atténuer les crises éventuelles et renforcer les capacités d’adaptation, en particulier chez les populations pastorales vulnérables.

Cette évaluation devra également mettre l’accent sur le suivi des marchés et des échanges transfrontaliers, au CILSS, d’accélérer la mise en place du réseau des sociétés/offices chargé de la gestion des stocks nationaux de sécurité alimentaire, aux organisations d’intégration régionale ouest-africaines, d’apporter au CILSS les moyens nécessaires à l’extension de ses activités de veille sur toute la région Afrique de l’Ouest, enfin, la réunion invite les partenaires techniques et financiers à soutenir l’ensemble des actions relatives au cadre harmonisé d’identification et d’analyse des zones à risque et des groupes vulnérables pour un meilleur ciblage des actions visant un renforcement de la situation alimentaire et nutritionnelle.

Par ailleurs, la réunion s’est penchée sur la question des pressions commerciales sur les terres et leurs conséquences possibles sur la sécurité. Des recommandations fortes ont été également émises sur la nécessité de valoriser et d’appuyer la transformation des produits locaux.

OUSMANE BERTHE

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