Un espoir pour une paix prochaine dans le Nord Niger
AFP -
05/05/2009 à 12:06:26 GMT
Rébellion touareg au Niger : discussions sur les modalités d’un
désarmement
mardi 5 mai
2009
NIAMEY (AFP)
- Des discussions se poursuivaient mardi à Agadez (nord) entre le gouvernement
nigérien et les trois fronts touareg en vue d’un désarmement des combattants
touareg dans les prochains mois, a appris l’AFP de sources concordantes.
"Les discussions se poursuivent au sein d’un comité technique pour faire
une ébauche des modalités pratiques du désarmement au cours des prochains
mois", a affirmé à l’AFP une source touareg proche des discussions.
Ces
modalités impliquent notamment la réinsertion des combattants touareg, dont le
nombre reste inconnu, ainsi que leur cantonnement dans le nord, a précisé cette
source.
"Le
dépôt des armes va être une affaire assez longue", estime pour sa part au
quotidien d’Etat Le Sahel le délégué du FFR (Front des Forces de Redressement)
aux discussions, Saidou Kaocen Maïga.
Des délégués
des trois fronts touareg étaient arrivés dimanche à Agadez en provenance de
Libye et ont déjà transmis leurs revendications aux autorités nigériennes.
L’espoir
d’une paix durable dans le nord, en proie à une rébellion touareg depuis deux
ans, a pris corps dimanche avec le tout premier face à face à Agadez entre le
président Mamadou Tandja et des représentants des combattants touareg, auxquels
il a même proposé l’amnistie s’ils déposent les armes.
En dépit de
nombreux appels du parlement et des ONG locales, M. Tandja avait
catégoriquement refusé jusque là tout dialogue avec les insurgés, qualifiant
leurs chefs de "bandits armés et des trafiquants de drogue".
Pour un
retour à la paix, ces fronts exigent notamment une meilleure insertion des
Touareg dans l’armée, les corps para-militaires et le secteur minier situé dans
la zone du conflit.Pour Mohamed Anako, Haut commissaire nigérien à la Paix, la
rencontre entre les rebelles et le président "résout la crise à 50%".
"Dès
lors qu’ils ont accepté de venir rencontrer le président, c’est une façon de
dire qu’ils ont désarmé moralement", a-t-il estimé sur Radio France
international (RFI).
"Il
faut dialoguer, s’asseoir sur la table des négociations pour en finir avec le
conflit", a assuré mardi à la radio Ahmed Koraya, délégué du Mouvement des
Nigériens pour la justice (MNJ), principal mouvement rebelle.
Selon
M. Anako, "les vrais pourparlers" ont débuté le mois dernier à
Tripoli sous les auspices du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
En visite à
Niamey le 15 mars, ce dernier avait appelé les rebelles à déposer les armes et
intégrer un processus de paix.
"Dans
les mois à venir on ira vers la mise en oeuvre de ce qui aura été arrêté à
Agadez", prédit M. Anako.
Selon une
source proche du dossier, la rébellion touareg pose comme préalable une
amnistie générale pour ses combattants, la libération de tous les prisonniers
détenus par le gouvernement et la levée de l’état de "mise en garde"
dans la zone du conflit.
Instituée
par décret présidentiel en 2007, "la mise en garde" accorde les pleins
pouvoirs à l’armée dans la zone.
Selon le
ministère de l’Intérieur, plusieurs personnes arrêtées au nord dans le cadre du
conflit ont déjà été libérées, et la "centaine" encore détenue sera
relâchée progressivement.
Les rebelles
ont déjà libéré leurs 85 prisonniers, essentiellement des militaires, le
dernier ayant été relâché dimanche.
Selon les
observateurs, la question de l’amnistie se pose pour de nombreux combattants
touareg qui ont des démêlés avec la justice.
Parmi eux,
l’ancien ministre du Tourisme, Rhissa Ag Boula, chef de guerre du Front des
forces de redressement (FFR) en exil en France et condamné à mort par contumace
pour le meurtre d’un militant du parti au pouvoir.